PAROLES de POILUS

Publié le par giorgioadriano

PAROLES DE POILUS

Il te suffit de passer le vieux pont,

Franchir la petite route départementale,

Le ruisseau, tout en bas du petit val,

Pour aller rejoindre le front ;

Tu y verras sans doute un voisin,

Un ami, ton frère ou ton cousin...

 

Tu resteras des heures ou des jours

Peut être beaucoup de mois

À sauver ta vie dans la boue et l’effroi

Aux accalmies du canon chaud comme le four

Tu parleras de la vie et de tes amours

De ta femme de tes gosses avec des larmes d’émoi...

 

Puis alterneront les virées mortelles

Hors de la tranchée où même les sauterelles

Ont grillées sous la mitraille ;

Jour ou nuit, tu dormiras en valetaille

Contre la semelle cloutée en godaille

D’un frère d’arme la main perdue, tendue pêle-mêle...

 

Combien de saisons passeront

Combien d’amis de frères de cousins

Combien d’inconnus t’accompagneront

Dans tous ces gadouilleux chemins

Mélanger leur sang, leurs peurs à cette déraison

Collective où des « grands hommes » décideront de vos destins...

 

A ton retour si tu reviens ;

Tu sauteras au dessus du ruisseau en bas du val,

Tu repasseras le vieux pont,

Tu franchiras la petite route départementale ;

Tu ne reconnaîtras plus rien,

Personne ne t’accueillera ; tu te sentiras un peu con...

Georges Adrien PARADIS à Limoux le 24 octobre 2013 à 11h30

Publié dans POESIE

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